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  • Written by The Conversation
imageLa dynamique Christiana Figueres (à gauche) conduira les pourparlers de la COP21 à Paris. EPA/PAA

J’ai occupé pendant trois ans les fonctions de directeur stratégique au sein du Copenhagen Climate Council. Ce groupe comptait des dirigeants de grandes entreprises installées en Chine, en Europe et aux Etats-Unis, des experts politiques, des scientifiques et des universitaires de premier plan. Son but était de montrer la nécessité de parvenir à un accord mondial lors du sommet sur le climat organisé par l’ONU en 2009 au Danemark. Il s’agissait également de définir ce que cet accord devrait contenir.

Copenhague semblait posséder tous les atouts pour qu’un tel texte puisse voir le jour. L’endroit idéal (une capitale européenne), le moment opportun (le quatrième rapport des experts du GIEC sur le changement climatique, l’ouragan Katrina et la canicule de 2003 avaient sensibilisé l’opinion publique et les élites aux enjeux environnementaux) et le bon casting (des chefs d’Etat en mesure de prendre des décisions économiques, énergétiques et commerciales majeures).

En dépit de tout cela, la conférence n’aura accouché que d’un texte court et bien fragile (Accord de Copenhague) qui ne réclamait à ses signataires rien d’autre que de s’engager à se mettre d’accord dans le futur et de justifier leurs engagements politiques existants. Copenhague est ainsi devenu le symbole de l’échec des nations à s’entendre pour faire face au défi du changement climatique.

Je me souviens encore du sentiment qui m’envahit peu après la fin des discussions lorsque je quittais dans le froid intense de décembre l’immense Bella Center où se tenait la conférence. En regardant par la fenêtre du métro électrique qui me ramenait en ville, je vis un groupe de jeunes enfants jouant dans la neige. Ils ne se doutaient pas de la trahison dont ils venaient d’être victimes… Je pensais alors qu’il allait se passer beaucoup de temps avant qu’une opportunité comme le Sommet de Copenhague se représente.

De vraies raisons d’être optimiste

Plus de cinq ans ont passé et je suis à nouveau optimiste. Car à l’approche des pourparlers de Paris sur le climat, il y a de solides raisons d’espérer.

Citons tout d’abord cette prise de conscience globale à l’égard du problème du réchauffement climatique : ce n’est plus un risque futur, mais bien un danger réel et présent. Nul besoin de mener davantage de recherches pour montrer que le climat devient plus chaud et plus instable et que ce processus ne s’inverse pas. 2014 aura été l’année la plus chaude jamais enregistrée sur Terre. En mars dernier, le cyclone Pam fut sans précédent et la Californie a dû dépenser un milliard de dollars pour combattre la sécheresse et ses graves conséquences. S’il n’est pas possible de dire que ces phénomènes résultent directement du changement climatique induit par l’homme, leur fréquence et leur gravité sont, elles, tout à fait compatibles avec une série de modèles et de prévisions établies dans les années 1980.

Un autre point positif concerne les relations entre pays « en voie de développement » et pays « développés ». Nul besoin aujourd’hui de convaincre la Chine, le Brésil, l’Indonésie ou d’autres pays en croissance rapide de la nécessité de réduire drastiquement les émissions de gaz à effet de serre (GES). Tout le monde comprend désormais la nécessité et les avantages d’un accord conclu au niveau mondial, atteignable en faisant le choix d’une croissance sobre en carbone. Le Stern Review on the Economics of Climate Change a montré que la question n’était plus de choisir entre une croissance économique forte en carbone et une autre qui le serait moins. Pour être durable, la croissance économique doit être faible en carbone. L’enjeu n’est pas de réduire les émissions de GES, mais bien de le faire le plus efficacement possible.

Barack Obama, un allié de poids

La seconde raison de garder bon espoir sur l’issue de la COP21 est que, contrairement à Copenhague, de nombreux pays voient désormais plus loin. Atteindre un accord devient une étape cruciale pour relever d’autres défis : il y a une compréhension croissante et pragmatique des rapports entre l’action politique sur le climat et les efforts qui visent à réduire sur le long terme les risques environnementaux, sociétaux, économiques et sécuritaires. Que ce soit des migrations importantes après des inondations au Bangladesh, une pénurie d’eau en Afrique et au Moyen-Orient ou l’élévation du niveau de la mer près des grandes villes côtières, voilà des situations qui ne feront qu’intensifier les tensions et les difficultés déjà existantes.

En février, Washington a classé le changement climatique dans la liste des risques de sécurité, au même niveau qu’une attaque sur les Etats-Unis ou la prolifération des armes de destruction massive. Le positionnement du Pentagone – pour qui la réduction des émissions de GES est cruciale pour la santé et la sécurité futures – a considérablement augmenté les chances d’un accord diplomatique au niveau mondial.

La troisième raison de mon optimisme concerne un homme : le président des États-Unis. Je sais qu’il n’est pas dans l’air du temps de saluer l’action des politiques, mais Barack Obama a depuis des mois multiplié les signes positifs, mettant le problème du réchauffement climatique en bonne place dans les préoccupations de son second mandat. Grâce à ses discussions directes avec d’autres dirigeants et des accords bilatéraux passés avec la Chine et l’Inde, le président et son équipe de négociation travaillent sans relâche depuis plus d’un an pour faire de la COP21 un succès.

Et il ne faut pas sous-estimer le fait que, pour un chef d’Etat, laisser une trace dans l’histoire est un moteur puissant. La conférence de Paris peut offrir au président nord-américain une occasion d’inscrire son action dans la durée.

imageLaurent Fabius, une longue expérience des négociations internationales.Photo Mathieu Delmestre/Solfé Communications, CC BY-NC-ND

Casting sur mesure

Les Nations unies ont compris depuis Copenhague qu’un accord juridiquement contraignant ne suffisait pas. Pour qu’une négociation soit utile et efficace, il faut davantage que des déclarations, des objectifs et des calendriers. C’est pour cette raison que l’ONU a mis l’accent ces dernières années sur la déforestation : voilà un domaine clé où de réels progrès peuvent être réalisés. En septembre 2014, elle a soutenu la déclaration de New York sur les forêts. Cet accord implique de nombreux pays et une liste impressionnante de groupes environnementaux et d’entreprises mondiales dont l’objectif est de changer leurs modes d’approvisionnement pour limiter et combattre la déforestation. Ce type d’initiative ne peut, bien sûr, réduire à elle seule les problèmes, mais il donne à un grand nombre d’acteurs la capacité d’agir concrètement.

La dernière raison de croire en la réussite de la conférence de Paris tient au profil et à la longue expérience des acteurs de la COP21. On garde un souvenir pénible de la façon dont le gouvernement danois avait géré le Sommet de Copenhague ainsi que de la piètre prestation du président de la conférence, Connie Hedegaard, qui avait dû être remplacé par son Premier ministre au mitan des négociations.

Cela ne se produira à Paris. Avec Laurent Fabius, l’actuel ministre des Affaires étrangères et ancien Premier ministre, la réunion sera dirigée par une personne dotée d’une impressionnante expertise des négociations internationales et d’un gros cerveau.

On se rappelle aussi avec embarras du secrétaire exécutif de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC à Copenhague, le diplomate néerlandais à l’air renfrogné, Yvo de Boer. Chargé de mener les négociations, il sembla dépassé par les événements. Son attitude corporelle – froncements de sourcils, frottements des yeux – restera comme l’image de ce sommet raté. Avec la fougueuse et dynamique Christiana Figueres pour reprendre le flambeau à Paris, il y ne devrait pas y avoir de bâillement dans la salle.

Rien de tout cela ne peut garantir le succès, mais le rend néanmoins bien plus probable. La question cruciale reste celle du contenu d’un accord digne de ce nom sur le climat et de la capacité de la COP21 à le faire émerger.

Nick Rowley does not work for, consult, own shares in or receive funding from any company or organization that would benefit from this article, and has disclosed no relevant affiliations beyond the academic appointment above.

Authors: The Conversation

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