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  • Written by Séverine Le Loarne, Professeur Management de l'Innovation & Management Stratégique, Grenoble École de Management (GEM)
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Uber. Le nom de l’entreprise californienne, née en 2009 présente dans plus de 310 pays, suscite des sentiments et des opinions ambivalentes.

Les chauffeurs de taxi dénoncent une concurrence déloyale et, même s’ils bénéficient encore du faible avantage de pouvoir faire des maraudes, il est évident qu’il y a déséquilibre entre d’un côté des chauffeurs de taxi dont la patente et l’affiliation à une compagnie occasionnent des coûts fixes non négligeables et, d’un autre, des individus qui créent une entreprise mono-salarié souple et s’affilient à un réseau à coût relativement faible.

Les défenseurs des acquis sociaux, quant à eux, dénoncent le statut précaire de ces chauffeurs, qui ne cotisent pas tous aux régimes sociaux. Certains dénoncent le faible salaire horaire. Pourtant, Uber semble créer des emplois et recréer de la richesse dans les banlieues.

Alors, Uber, entrepreneur schumpéterien ? Sûrement, mais aussi entrepreneur doté d’une dimension sociale… sans doute malgré lui. Quoi qu’il en soit, le phénomène transnational Uber met à mal les politiques nationales, y compris en matière de renouveau territorial.

L’Ubérisation : du pur entrepreneuriat schumpéterien

Uber s’inscrit dans la lignée des entreprises dites « de la nouvelle économie », toutes issues des mêmes clusters californiens. Après Google (1998), LinkedIn (2003), Facebook (2004), Air BnB (2008) etc., l’entreprise voit le jour en 2009. Elle est une application de réseau social, fondée sur un modèle économique assez novateur, mettant en lien les individus qui ont besoin d’un service de transport avec les entreprises (ou, en France, les particuliers qui ouvrent un statut d’autoentrepreneurs ou une entreprise individuelle, EURL, SASU, etc.).

Uber est donc une des fameuses entreprises qui naissent « en grappe » et sont le fruit d’une révolution technologique, en l’occurrence numérique. Une belle illustration actualisée de l’innovation entrepreneuriale de Schumpeter à ceci près que ces grappes d’entreprise n’apparaissent pas en début d’un cycle long qui préfigure le retour d’une croissance économique durable…

Et pourtant, autre point de divergence avec la théorie schumpeterienne de l’entrepreneuriat : l’avènement d’Uber – la remarque serait aussi valable pour l’ensemble des entreprises dites d’ubérisation – ne s’accompagne pas d’une destruction d’emplois. La faible période de vie de l’entreprise, à peine 10 ans au global, à peine 5 ans en France (Uber France a été créée en 2012) n’offre sans doute pas le recul nécessaire. Cependant il semblerait qu’Uber attire plus une nouvelle clientèle qui ne prenait pas systématiquement le taxi pour des déplacements jugés compliqués ou tardifs qu’une clientèle traditionnelle – dont un certain pourcentage passera peut-être chez Uber.

En outre, il semblerait qu’Uber génère l’occasion de créer des entreprises et des emplois. Certes, pas de « gros » emplois – on parle de statut d’autoentrepreneurs (20 % des chauffeurs d’Uber) ou d’entreprises individuelles. Mais on reste bien dans le paradigme schumpeterien : l’économie renaissante doit générer des emplois.

Le point intéressant semble être que bon nombre de chauffeurs d’Uber sont des personnes qui n’avaient plus d’emplois – ou n’en ont jamais eu – depuis forts longtemps et résidants dans des quartiers peu riches en économie – on parle très souvent du 93 et de ses banlieues.

Uber, hybride entre l’entrepreneuriat schumpéterien et l’entrepreneuriat social ?

Si Uber réussit dans cette démarche et si les données communiquées sont valides, cela signifierait qu’Uber serait un entrepreneur social.

Les chercheurs en entrepreneuriat distinguent généralement trois types d’entrepreneuriat :

  • l’entrepreneuriat dit de convention, dans lequel l’entrepreneur recherche la maximisation du retour sur investissement (a priori, Uber serait dans cette catégorie) ;

  • l’entrepreneuriat durable, dans lequel, pour caricaturer, l’entrepreneur investit dans une vision de long terme

  • l’entrepreneuriat social, dernière catégorie qui renvoie à un entrepreneur (individu ou équipe) au comportement altruiste, qui met la priorité sur le bien-être social et non sur la maximisation du profit.

Face au premier type de comportement et pour pallier les déficiences du deuxième, l’entrepreneur social intervient lorsque les systèmes étatiques ne fonctionnent plus pour panser les maux de ceux qui souffrent des (nécessaires) déséquilibres économiques.

Dans le cas qui nous intéresse, les dirigeants d’Uber communiquent peu sur la création d’emploi et le développement économique d’un territoire comme priorité par rapport à la maximisation des fruits des capitaux investis. Pour autant, pallier une défaillance étatique sur un territoire – en l’occurrence, le 93 – qui manque d’entreprises, d’emplois et héberge une population soit pauvre soit vivant de subventions est un résultat d’entrepreneuriat social.

La démarche sociale est doublée dans la mesure où le chauffeur apprend à devenir entrepreneur ou à initier la démarche. C’est important à deux niveaux : aux détracteurs de la démarche, les contre-études montrent que le chauffeur travaille certes 60 heures et gagnerait, charges déduites environ 2 000 euros par mois. Le rapport temps/prix est faible, mais est très honorable au regard de la plupart des démarches entrepreneuriales similaires. Second niveau, en France, les entrepreneurs à succès, c’est à dire qui parviennent à développer une activité pérenne qui les fasse vivre, sont très majoritairement issus d’une famille d’entrepreneurs ou d’un milieu d’entrepreneurs.

Entreprendre ne s’apprend pas encore totalement à l’école. Aussi, donner une chance entrepreneuriale à des personnes qui ne sont pas issues d’une famille entrepreneuriale est une occasion d’apprentissage non seulement d’un métier, mais aussi de la démarche entrepreneuriale, répliquable dans d’autres contextes.

Les vertus du renouveau économique attribué à l’Ubérisation : un faible potentiel de généralisation

Si Uber semble avoir la vertu de pouvoir donner de l’emploi dans des territoires qui n’en ont plus, peut-on en dire autant de toutes les entreprises qui se réclament de l’ubérisation ? Pas vraiment. Cela tient surtout à l’activité même d’Uber : le service de transport de la personne. Le chauffeur sort de son territoire pour aller exercer son travail sur un territoire où il y a « du trafic », des besoins, de l’économique. La recette ne peut fonctionner que si le territoire le plus riche est proche du plus pauvre et s’il y a possible transfert de personnes entre les deux. Difficile d’imaginer une telle activité pour redonner de l’emploi aux personnes du Nord-Pas-de-Calais… à moins de les inviter à aller travailler à Lille.

Difficile aussi d’imaginer AirBnB ou une activité plus sédentaire, comme la « vente de la part de plats cuisinés maison au voisin », pour développer les territoires défavorisés : elles contribueront surtout à enrichir les zones déjà bien dotées.

L’Ubérisation a donc des vertus sociales et économiques sur les territoires pauvres, mais limitrophes des territoires riches. Pour les autres, il faudra trouver autre chose.

Authors: Séverine Le Loarne, Professeur Management de l'Innovation & Management Stratégique, Grenoble École de Management (GEM)

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